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Une soirée ratée
« Shit, qu’est-ce qu’ils attendent pour passer de la musique potable ? »
Nous sommes là toutes les quatre depuis ¼ d’heure et elle n’arrête pas de bouder. J’ai froid. Elle ne se mêle pas de notre conversation, ne semble même pas l’entendre, le visage tendu vers la piste vide.
« Ok, j’y vais quand même ! »
Elle y va. Ses longs cheveux roux dénattés ondulent sous sa casquette. Elle est entrée dans une gorgée de vapeur déversée sur la petite piste noire. Elle semble danser immobile. La blonde se penche vers moi :
« Tu comprends, ma cousine est une fille hyper sensible. Elle a besoin de s’investir à fond dans les choses qui la passionnent. Et c’est une très bonne danseuse… »
Je la regarde encore osciller, comme si elle allait tomber raide morte après un coup de feu. Elle s’est mise à bouger les mains au rythme techno. Je veux bien croire qu’elle soit une bonne danseuse sur de la bonne musique. J’ai de la compassion. Mais déjà, je me recroqueville encore plus sur moi-même. Je suis glacée. J’attends chaque crachat de vapeur avec impatience, c’est mouillé mais un peu tiède et j’ai l’impression que ça me lave la gorge de toute cette fumée de cigarette que j’ai pu respirer ce soir. Ce n’est pas pour rien que la boîte s’appelle Steam.
On finit par partir. Nous avions tenté d’entrer dans une autre boîte juste avant, il y avait une longue file d’attente. Sonia avait repéré J. un peu plus loin et m’avait demandé de lui faire savoir que nous étions là. Je suis allé le voir, j’étais fatiguée, je voulais rentrer. Il m’a présenté un grand blond tout fade, soit disant français, soit disant fils de diplomate qui semblait ravi de me connaître. Sonia s’est impatientée et a rappliqué en gueulant. J. et son copain sont entrés mais pas nous. Je ne sais pas pourquoi…
Après le Steam, nous avons attendu le bus. Il y avait un monde fou, il était 1 heure du matin. Je dormais debout et je n’avais pas d’argent. La blonde a payé pour moi. J’avais honte de ne pas m’être amusée. J’ai eu l’impression que tout ce ratage était de ma faute. Sonia s’était habillée chez moi. Moi je n’ai pas voulu, j’ai gardé mon jean. Ça ne leur a pas plu. Ça ne se fait pas ici de ne pas s’habiller pour sortir. La blonde est arrivée et a déclaré que ma chambre au grenier était vraiment trop tricky.
Après le bus, elles ont encore voulu manger une pizza. Je n’osais pas dire que j’étais vraiment trop fatiguée. Elles sont venues chez moi pour l’engloutir à toute vitesse et puis elles sont parties.
Sonia m’a invitée vendredi prochain chez elle. Elle fait un repas.
Ecrit par Gala, le Mardi 11 Janvier 2005, 14:05 dans la rubrique "Le journal d'Aurora".
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One of Shakespeare's sisters
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