Les ombres tamisent les espaces de Cynthia.
Il l’a vue sortir du dortoir par le grand couloir blanc
Sur le jardin d’un presbytère donnant ;
Il l’a vue sortir du dortoir par le grand couloir blanc.
C’est à minuit que les amants se lèvent de leurs tombes fraîches
Et vont déflorer les vierges qui rêvent de maris au lieu de dormir.
Engloutie par la force d’une déesse morte,
Cynthia vénérée, abhorrée et abolie,
Aux consonances égyptiennes, s’achemine ici ;
Cynthia vénérée, abhorrée et abolie.
C’est le cri d’une femme dans la nuit.
Les pieds nus, délice de cocagne,
Par le phare éclairée, dans l’herbe noire,
Elle se rend à la nuit ;
Par le phare éclairée, dans l’herbe noire.
Sur sa robe glisse le dernier soupir d’une lampe tempête.
Ses cheveux lourds sommeillent encore
Tandis qu’à pas légers la nuit s’évapore ;
Ses cheveux lourds sommeillent encore.
Sous la pierre s’amoncellent les corps déchiquetés.
Sous la cendre et la poussière, il a retrouvé cette épitaphe.
Et l’haleine de sa bouche rendue visible
- Sa tête, à chaque parole cernée d’un halo de fumée –
Caressant les joues et le front, parfume l’air doré.
- Sa tête, à chaque parole cernée d’un halo de fumée –
Cynthia se couche et gît.
Et la fantaisie, sur le point de s’achever,
Eclate une dernière fois de sa magie crépusculaire.
Au matin, le cimetière lassé se réveille à peine effleuré
Par le premier rayon de lumière.
ERER